Sommaire
- Abstract
- 1. But de l’étude
- 2. Sources des données
- 3. Géographie du Japon
- 4. Statistique descriptive
- 5. Analyse détaillée par catégorie d’aliments
- 6. Effet de la contamination sur la vie quotidienne
- 7. Conclusions
Abstract
Trois ans et demis se sont écoulés depuis l’incident nucléaire à la centrale de Fukushima Dai-chi. Pendant ce temps, le gouvernement japonais a mis en place une campagne de surveillance des aliments sans précédent afin de vérifier régulièrement la conformité des produits destinés aux marchés et d’empêcher la commercialisation de produits contaminés. L’analyse statistique réalisée dans cet article sur la base des données publiées par le MHLW a établi que les produits les plus contaminés sont regroupés en certaines catégories peu nombreuses et facilement identifiables. Notamment, les produits les plus touchés sont ceux d’origine sauvage, par rapport à ceux issus d’élevages ou cultivations. La situation est résumée brièvement dans le tableau et détaillée dans cette étude.
Catégorie de produit | Produits d’élevage/cultivés (Bq/kg) | Produits sauvages (Bq/kg) |
---|---|---|
Poissons | 0.8 | 17 |
Viande | 20 | > 100 (jusqu’à 10000) |
Legumes | 8 | 68 |
Produits de provenance animale (lait, oeufs) | néant | – |
La contamination est concentrée dans certaines catégories spécifiques: viande de gibier, poissons de fond, d’eau douce ou anadromes en haut de la chaîne alimentaire et légumes sauvages. Certains bio-accumulateurs reconnus comme les champignons ont des valeurs importantes de contamination.
En utilisant les valeurs moyennes de la contamination des produits alimentaires dans la préfecture de Fukushima (la plus touchées dans toutes les catégories) et compte tenu des habitudes alimentaires japonaises, il est possible d’estimer les doses provenant de l’ingestion à pas plus de 0,2 mSv / an pour les adultes et 0,3 mSv / an pour les enfants. Cette valeur est bien en dessous de la limite de 1 mSv / an pour la population et est également inférieur au niveau normal de dose résultant du rayonnement naturel.
1. But de l’étude
Le but de cette étude est de donner une vue rétrospective et à moyen-long terme de la contamination alimentaire résultant de l’accident nucléaire de Fukushima du 11 Mars de 2011.
Dans cette étude, la campagne de mesures du 2011 a été délibérément exclue pour deux raisons. La première est qu’il existe déjà un très bon article sur la situation de la contamination en 2011, que l’on peut trouver ici. La seconde est que dans cette étude nous préférons porter l’attention sur la situation tel qu’elle sera à long terme, ce qui doit exclure l’effet de la contamination initiale dû aux nucléides ayant une demi-vie rapide.
De plus, contrairement à l’article publiée en Janvier 2012, dans celui-ci nous allons traiter certains aspects laissés de côté en 2011. Notamment :
- Nous pourrons faire une étude plus détaillée sur la contamination dans les différentes préfectures. Il est évident que l’échange de marchandises entre préfectures implique lui aussi la diffusion de produits contaminés dans des zones non directement touchées par l’accident. Toutefois, en 2011 il n’y avait pas assez des données pour tirer une quelconque conclusion concernant les préfecture autres que les quatre le plus touchées : Fukushima, Miyagi, Iwate et Ibaraki.
- En raison de l’énorme quantité de données disponibles, il sera possible de mieux analyser la propagation de la contamination dans le milieu marin et essayer d’avoir une vision plus précise. Pour ce faire, nous essayerons de séparer la contribution des poissons de fond, pélagiques et les différentes étapes de la chaîne alimentaire. Nous essayerons également d’étudier la façon dont la contamination alimentaire se propage différemment dans un environnement sauvage ou contrôlé et de mettre en évidence s’il y a des tendances saisonnières liées au sol, concernant les aliments sauvages, en particulier les champignons et le gibier.
Nous ne parlerons pas de limites légales de contamination, et cela volontairement. Ce qui nous intéresse ici avant tout est de faire le point d’une situation qui s’améliorera progressivement dans les prochaines 10-15 années, si on considère simplement la désintégration des radionucléides et les processus de lixiviation naturels. Rappelons-nous ici que les limites de loi adoptées par les autorités japonaises:
- ne sont pas de limites de sécurité (au sens de démarcation entre ce qui est sûr et ce qui est dangereux pour l’alimentation) parce que les limites de sécurité n’existent pas;
- sont environ 10 fois plus restrictives que les niveaux recommandés par le Welfare giapponese.
Celui de la source des mesures est un sujet important. La fiabilité des mesures publiées par le gouvernement japonais est un argument soulevé souvent, car le gouvernement est soupçonné de vouloir plutôt rassurer le public que publier la situation réelle. Au contraire, nous estimons que nous pouvons faire confiance aux publications périodiques des résultats pour trois raisons principales:
- La campagne de mesures est menée par le gouvernement japonais, mais plusieurs entités indépendantes (y compris Greenpeace au début de la campagne) ont réalisée leurs propres mesures qui sont sensiblement en accord avec celles publiées. Plusieurs échantillons ont également été envoyés à plusieurs reprises à différentes institutions de différents pays et les résultats sont en accord avec les publications. Cependant, pour des raisons logistiques et de budget la campagne de mesures du gouvernement a une extension que ne peut pas être atteint par d’autres organismes.
- Les résultats publiés sont conformes à ce qu’on pourrait s’attendre après un accident du genre de Fukushima, soit en termes de contamination que d’extension du phénomène.
- Les yeux du monde sont sur le Japon et toutes les erreurs et les mauvaises évaluations commises par les entités impliquées dans l’incident ont été immédiatement rendues publics. Même des laboratoires non-japonais ont demandés des échantillons de produits des préfectures sous observation pour une analyse indépendante.
Il convient également de souligner le fait que faire une mesure de contamination alimentaire est matière complexe, elle ne peut donc pas être improvisé « à la maison ». Toute mesure « maison » peut donner une indication approximative, mais elle ne permettra pas de déterminer le niveau de contamination d’une zone ou une catégorie d’aliments et même pas la conformité d’un produit a être diffusé sur le marché.
3. Géographie du Japon
Afin d’avoir une vue complète et correcte de la diffusion de la contamination alimentaire au Japon, il est bien d’avoir une certaine connaissance de la géographie politique du Japon.
Le Japon compte 8 entités administratives désignées non officiellement régions: Hokkaido (rouge), Tohoku (jaune), Kanto (vert), Chubu (bleu clair), Kansai (bleu), Chugoku (orange), Shikoku (violet), Kyushu (gris) et 47 préfectures, comme montré ci-dessous: (dans une fenêtre séparée en cliquant). Cette carte n’est bien sûr pas exhaustive et elle se focalise sur les préfectures les plus proches de la zone de l’accident, en permettant ainsi de localiser facilement la plupart des districts mentionnés dans l’article.
Le point rouge sur la rive entre les districts de Okuma et Futaba dans la préfecture de Fukushima indique la centrale de Fukushima-Daichi.
4. Statistique descriptive
La partie de la campagne de mesures effectuées sur les denrées alimentaires de Fukushima et plus en général au Japon considérée dans cet article se compose de 741 837 mesures couvrant la période entre le 26 Décembre 2011 et le 29 Juin 2014.
Ici de suite les statistiques descriptive de la population de mesures
4.1. Statistique par préfecture
La campagne de mesure a affecté toutes les préfectures, même les plus éloignés. Bien sûr, la campagne a été particulièrement intense dans les préfectures autour de Fukushima couvrant complètement les régions de Kanto, Tohoku et une partie de Chubu, les régions où le 92% des mesures se concentre.
Le diagramme ci-dessus ne fournit pas les données pour les préfectures individuellement. Voici donc un tableau listant les préfectures ayant fait l’objet de plus de 10000 mesures, par ordre décroissant:
Préfecture | Nombre de mesure |
---|---|
Fukushima | 92277 |
Miyagi | 82399 |
Tochigi | 75722 |
Gunma | 63396 |
Ibaraki | 62914 |
Iwate | 62885 |
Hokkaido | 47240 |
Yamagata | 45959 |
Nagano | 28296 |
Chiba | 21242 |
Aomori | 17254 |
Shimane | 13927 |
Niigata | 12977 |
Saitama | 12678 |
Kagoshima | 11581 |
Akita | 10899 |
Il faut remarquer cependant que dans 23607 cas, une valeur non négligeable, aucune indication précise n’a pas été donné concernant la préfecture. Dans la plupart de ces cas plusieurs préfectures sont associés au même produit.
4.2. Évolution temporelle du nombre de mesures
La campagne de mesure s’est intensifiée à partir de mi-2012 pour se stabiliser autour d’une moyenne d’environ 25 000 mesures par mois, comme le montre le graphique suivant affichant le nombre de mesures prises pour chaque mois de Janvier 2012 jusqu’à Juin 2014 :
4.3. Statistique par catégorie d’aliment
En ce qui concerne l’éclatement des mesures par catégorie d’aliment, le diagramme suivant nous permet d’avoir une vision d’ensemble :
De toute manière, la vision globale est correct et on peut affirmer que les catégories de légumes, animaux et poissons recouvrent respectivement le 15%, 72% et 7% des mesures effectuées.
De 725 913 mesures pour lesquelles l’indication a été fournie, 660955 ont été analysés avant leur distribution sur le marché et 64958 sur les produits déjà sur le marché. 91% des mesures a donc été effectuées en amont de la chaîne, et cela correspond bien à la politique suivie par le gouvernement japonais d’éviter la distribution de produits ayant une valeur de contamination au-dessus du seuil admissible. Du 9% restant, seules 3179 mesures, c’est-à-dire le 4,9% des aliments sur le marché, ont montré une valeur de césium totale supérieure à zéro.
Il faut bien garder à l’esprit qu’ici et par la suite pour Césium totale nous nous referons à la somme du Cs-134 et Cs-137 contenu dans les aliments testés.
4.4. Statistique par niveau de contamination
Finalement, les statistiques les plus importantes concernent la contamination. Dans les tableaux ci-dessous ces informations sont fournis reparties en quatre tranches :
- Contamination absente. Cette catégorie regroupe toutes les mesures qui n’ont montrées aucune valeur de contamination de Cs-137 e Cs-134, mais aussi toutes celles dont la teneur est inférieur à la sensibilité des instruments de mesure. Ces limites sont de l’ordre de quelques Bq/kg et plus rarement elle atteignent les 20 Bq/kg.
- Contamination légère. Il s’agit des aliments ayant un contenu de Césium Totale (Cs-137 + Cs-134) inférieur à 100 Bq/kg, qui correspond d’ailleurs aux nouveaux limites établis par le gouvernement japonais en avril 2012.
- Contamination au dessus des limites. Il s’agit des aliments dépassant les 100 Bq/kg au contrôle.
- Contamination au dessus des recommandation du Codex Alimentarius (FAO-ONU). Il s’agit d’un sous-groupe des aliments contaminé ayant des valeurs supérieurs à celles admises par le Codex Alimentarius afin de la diffusion sur les marchés, à savoir 1000 Bq/kg.
La repartition de l’ensemble des mesures est montré dans le diagramme ci-dessous :
Il est certainement plus intéressant de voir comment la contamination est repartie parmi les différentes préfectures. Le diagramme suivant répond à cette question en montrant la repartition dans les quatre catégories par préfecture :
Les préfectures les plus touchés sont Fukushima, Miyagi, Tochigi et Ibaraki, suivi par Iwate et Chiba. Rien d’étonnant, puisqu’il s’agit des préfectures les plus proches de la centrale et du panache de contaminants émis lors de l’accident. La préfecture qui a enregistré le plus grand nombre d’aliments contaminés est bien sûr Fukushima, dont le détail est représenté dans le graphique suivant (le nombre de mesures par catégorie est affiché dans le diagramme à camembert) :
Le nombre totale de mesures ayant dépassé les limites imposées par le Codex Alimentarius est 272, ainsi reparties (trois mesures ne sont associées à aucune préfecture) :
Préfectures | N° mesures au dessus des limites du Codex |
---|---|
Fukushima | 207 |
Gunma | 2 |
Ibaraki | 12 |
Iwate | 20 |
Miyagi | 8 |
Nagano | 3 |
Tochigi | 17 |
Préfecture inconnue | 3 |
Il n’est pas surprenant que ces mesures sont concentrées dans la zone la plus proche de la centrale. Plus précisément, ces mesures concernent principalement champignons sauvages (shiitake, Koshiabura, apricot mikcap, chanamemutsutake), viande sauvage (sanglier, cerf), et moins souvent poissons et plantes dans la préfecture de Fukushima. Les deux valeurs les plus élevées sont des mesures de sanglier dans la préfecture de Fukushima (environ 61 000 Bq/kg) et des champignons apricot dans la préfecture de Tochigi (environ 23 000 Bq/kg).
Pour l’analyse de la préfecture de Fukushima, nous avons utilisé un échantillon de 717254 mesures pour lesquelles l’indication de la préfecture n’est pas ambigüe.
5. Analyse détaillée des différentes catégories alimentaires
Nous passerons maintenant à l’analyse détaillée des trois principales catégories alimentaires: poisson, viande et légumes.
Nous étudierons aussi l’évolution temporelle de la contamination de ces catégories. Puisque l’objectif dans ce cas est d’étudier l’évolution de la contamination des produits et non pas la moyenne globale du produit, pour produire ces graphiques seules les mesures qui ont un niveau supérieur à zéro de césium ont été utilisés. Sur l’axe des ordonnées est donc rapporté la moyenne de césium totale effectuée sur les mesures d’une journée (date de prélèvement) sans tenir compte des préfectures et des produits.
5.1 Produits de la mer
Les produits de la mer sont représenté par 54324 mesures. Les statistiques descriptives concernent la contamination sont indiquées dans le diagramme suivant :
La contamination moyenne de la préfecture est illustrée dans le tableau suivant. Pour ce graphique, il a été utilisé un échantillon des 54104 mesures pour lesquelles l’indication de la préfecture n’est pas ambiguë.
La contamination moyenne par préfecture ne considérant que les 21245 mesures ayant une valeur de césium supérieur à zéro est indiqué dans le tableau suivant :
Les préfectures les plus touchées sont évidemment Fukushima, Gunma, Tochigi, Ibaraki et Miyagi. Ce n’est pas surprenant puisque ce sont les préfectures les plus proches de la zone de l’accident et ont été les plus affectées par les rejets dans la mer, les retombées de particules de césium dans la région et le délavage du sol par les eaux intérieures (rivières et lacs).
Parmi les produits ayant une contamination supérieure à 100 Bq/kg, 49 sont supérieurs aussi aux limités du Codex Alimentarius, à savoir 1000 Bq/kg. Ces mesures sont montrées dans le tableau suivant :
Préfecture | Zone | Cesium totale moyen (Bq/kg) | Max Cesium totale (Bq/kg) | N° mesures |
---|---|---|---|---|
Fukushima | Date-shi, fleuve Oishi | 1130 | 1130 | 1 |
Fukushima | Hirono-machi | 1468 | 3100 | 29 |
Fukushima | Iitate-mura, fleuve Niida | 18700 | 18700 | 1 |
Fukushima | Iwaki-shi | 1347 | 2000 | 11 |
Fukushima | Kawamata-machi, fleuve Kuchibuto | 1400 | 1400 | 1 |
Fukushima | Minamisoma-shi | 1030 | 1030 | 1 |
Fukushima | Minamisoma-shi, fleuve Oota | 2070 | 2070 | 1 |
Fukushima | Okuma-machi | 1700 | 1700 | 1 |
Fukushima | Tomioka-machi | 1700 | 1700 | 1 |
Ibaraki | offshore | 1000 | 1000 | 1 |
Miyagi | offshore | 3300 | 3300 | 1 |
Ces mesures sont toutes concentrées dans la zone autour de la centrale et au dessous du panache de contaminants émis lors de l’accident. Les mesures fortement contaminée dans la zone du panache concernent les poissons de rivière, il est donc raisonnable de penser que cette contamination est due délavage par ruissellement du cesium déposé sur la surface.
Cependant, il est possible de faire une distinction entre produits sauvages et d’élevage. Le nombre de produits indiquant explicitement le produit sauvage ou d’élevage est indiqué dans le tableau suivant, ainsi que le nombre de mesures ayant un teneur en césium supérieur à 0.
Type de produit | N° Mesures totale | N° mesures contaminées |
---|---|---|
Sauvage | 5164 | 3235 |
Elevage | 2105 | 106 |
Sur la base de ces mesures, on peut dresser un tableau qui montre la contamination moyenne en césium total pour ces quatre catégories. Le résultat de cette analyse est présentée ci-dessous.
Type de produits | Moyen Cesium totale (Bq/kg) Moyenne générale |
Moyen Cesium totale (Bq/kg) Moyenne mesures contaminées |
Max cesium totale (Bq/kg) |
---|---|---|---|
Sauvage | 17 | 27 | 3300 |
Elevage | 0.81 | 16 | 240 |
Comme on le voit clairement, il y a une nette différence entre la contamination des produits sauvages et d’élevage. En particulier, la valeur maximale enregistrée de césium est beaucoup plus élevé pour les poissons sauvages.
Une analyse détaillée des mesures montre que presque toutes se concentrent entre 0 et 200 Bq/kg, les mesures avec des valeurs plus élevées sont essentiellement des mesures dispersées.
En ce qui concerne les poissons d’eau douce en particulier, le tableau suivant indique la contamination moyenne par préfecture de seules poissons de rivière. L’information a été extraite à l’aide d’un échantillon de 5148 mesures pour lesquelles la zone contient explicitement l’indication d’une rivière.
Préfecture | Zone | Cesium Totale moyen | N° mesures |
---|---|---|---|
Fukushima | Iitate-mura | 9425 | 2 |
Fukushima | Minamisoma-shi | 709 | 13 |
Fukushima | Kawamata-machi | 540 | 6 |
Miyagi | Taihaku-ku | 300 | 1 |
Fukushima | Kori-machi | 218 | 14 |
Tochigi | Date-shi | 217 | 5 |
Fukushima | Date-shi | 201 | 55 |
Tochig | Otama-mura | 163 | 1 |
Miyagi | Koriyama-shi | 160 | 1 |
Iwate | Koriyama-shi | 156 | 3 |
Fukushima | Otama-mura | 155 | 7 |
Fukushima | Fukushima-shi | 128 | 87 |
Tochigi | Sendai-shi | 127 | 2 |
Gunma | Takayama-mura | 126 | 3 |
Miyagi | Sendai-shi | 120 | 1 |
Miyagi | Marumori-cho | 111 | 1 |
Fukushima | Nihonmatsu-shi | 104 | 6 |
Ibaraki | Takasaki-shi | 102 | 8 |
Les préfectures les plus touchées sont, sans surprise, dans l’ordre: Fukushima, Miyagi, Tochigi, Ibaraki et Iwate. Il s’agit bien sûr des préfectures autour de la zone de l’accident qui ont été sujets aux dépôt de particules atmosphérique de césium, particules qui par la suite ont rejoints les rivières en raison de la lixiviation.
En ce qui concerne les produits les plus contaminés, le tableau ci-dessous montre les aliments qui ont une valeur moyenne en césium totale supérieure à 100 Bq/kg, triées par valeurs décroissantes :
Produits de mer | Cs totale moyen (Bq/kg) | Max Cs totale (Bq/kg) | N° Mesures |
---|---|---|---|
variété de crabes | 320 | 320 | 1 |
variété de seabream sauvage | 289 | 3300 | 29 |
rockfish | 288 | 3100 | 126 |
poisson de la famille Hexagrammidae | 269 | 1740 | 93 |
variété spotbelly de rockfish | 236 | 560 | 5 |
poacher | 219 | 1440 | 39 |
poisson séché type la perche | 212 | 212 | 1 |
truite variété marron | 177 | 280 | 12 |
varioété de truite sauvage | 160 | 530 | 49 |
rockfish blanc | 156 | 1700 | 207 |
raie | 155 | 1050 | 337 |
poisson-chat sauvage | 141 | 320 | 26 |
poisson suzuki sauvage | 135 | 570 | 11 |
Gnatdophis nystromi (variété de congre) | 132 | 132 | 1 |
Helicolenus dactylopterus (perche maritime) | 130 | 1340 | 23 |
Salvelinus alpinus (variété de saumon) | 126 | 840 | 64 |
saumon non migrateurs | 123 | 18700 | 284 |
poisson loach d’elevage | 120 | 240 | 2 |
variété de poisson aplati | 119 | 280 | 7 |
variété de saumon sauvage | 114 | 330 | 5 |
anguille japonaise sauvage | 110 | 180 | 5 |
variété stimpson de paloourde | 110 | 109 | 1 |
variété d’anguille sauvage | 104 | 104 | 1 |
variété de poisson croaker | 101 | 217 | 12 |
À remarquer qu’il s’agit principalement de trois catégories: poissons de fond, poissons d’eau douce ou prédateurs. Une analyse de cela est faite plus loin dans cet article.
5.1.1. Évolution temporelle
L’évolution temporelle de la contamination du poisson est montrée dans le diagramme ci-dessous.
On peut apercevoir une légère diminution moyenne de la contamination, qui, cependant, reste à des valeurs entre 10 et 100 Bq/kg.
5.1.2. Effet sur la chaîne alimentaire
Pour les produits de pêche, en plus de faire une analyse générale de la catégorie, il est intéressant de repartir les mesures en fonction des habitudes alimentaires et du type de poisson. Cette subdivision est intéressante car elle nous permet d’avoir une vue plus précise sur la contamination du poisson. Pour cette raison, nous avons identifié quelque catégorie principale pour repartir les produits de pêche:
- Poisson de fond: Poissons qui vivent et se nourrissent principalement sur le fond marin (benthique) ou d’autres environnements où la sédimentation est importante
- Pélagique: Poissons qui vivent et se nourrissent principalement en eau libre, pas près du fond ou de la surface
- Eau douce : Poissons habitant les eaux internes, lacs ou cours d’eau
- anadromes/catadromes : les poissons habitant la mer et se reproduisant dans les rivières (anadromes) ou vice-versa (catadrome). Dans ce contexte, nous ne considérerons pas les poissons euryhaline, à savoir ceux qui peuvent supporter des variations importantes de salinité de l’eau et peuvent donc aller temporairement (par exemple pour la chasse) dans des zones d’eau douce ou salée.
- Prédateurs : Chasseurs qui sont plus haut dans la chaîne alimentaire marine
- Mollusques : Toutes sortes de mollusques
- Fruits de mer : Toutes sortes de coquillages
- Algues : Tous types d’algues
Lorsque cette répartition est appliquée, les mesures se distribuent comme montré dans le tableau. Il faut tout de même garder à l’esprit que certains produits ne peuvent pas être classifiés facilement dans ces catégories. Il s’agit en général de produits qui tombent dans une de ces catégories :
- Poisson indiqués avec un nom trop générique pour être associé à une espèce spécifique
- Poisson assez rare ou très spécifiques de certaines zones de l’Asie et sur lesquels il n’y a pas assez d’information du point de vue de cet article
- Produits qui ne font parti d’aucune des catégories établies, par exemple le tuniciers
Dans le doute, ces produits n’ont pas été pris en compte.
Catégorie | Nombre de mesures |
---|---|
Poisson de fond | 19029 |
Pélagique | 18451 |
Eau douce | 1303 |
Anadromes/catadromes | 5611 |
Prédateurs | 22578 |
Mollusques | 5781 |
Fruits de mer | 820 |
Algues | 907 |
Non classifiés | 5021 |
La répartition des poissons par catégories permet d’obtenir les résultat suivant pour ce qui concerne la contamination moyenne :
Nous voyons aisement que les catégorie les plus impactés sont :
- Poisson de fond: ceci est raisonnable parce que les poissons de fond se trouvent et s’alimentent en contact étroit avec les dépôts de césium sédimentées sur le fond. Le césium est certainement présente dans toutes les couches parce que soluble, mais la plus part se retrouve sur le fond marin.
- Poissons d’habitudes anadromes/catadromes: cela est raisonnable parce que les dépôts de surface après la ruissellement sont tombés dans les cours d’eau pendant quelques saisons. En d’autres termes, les cours d’eau de surface ont tendance à concentrer le césium.
- Prédateurs: cela est aussi raisonnable parce que le césium s’accumule dans les tissus et plus les animaux sont en haut de la chaîne alimentaire, plus ils ont tendance à accumuler le césium assimilé par les organismes inférieurs.
- Poissons qui n’appartiennent pas à ces catégories: ces cas doivent être analysés plus en détail.
En laissant de côté ici les détails des poissons qui ne rentrent dans aucune catégorie, nous pouvons faire quelques considérations sur les principaux éléments de cette liste:
- Le produit qui apparaît le plus est le seabream, nom commun de la famille Sparidae comprenant de nombreuses espèces. La variété la plus commune est le vivaneau rouge, qui est un poisson de fond sablonneux et est également un prédateur.
- Le « poisson semblable à la perche » peut être considéré comme poissons d’eau douce.
- Le croaker est un nom générique qui comprend plusieurs poissons de la famille Sciaenidae, qui habitent habituellement les estuaires et les fonds sablonneux.
- Le nom «baliste» fait référence à la famille balistes qui comprend 42 espèces. Ils n’ont pas d’habitudes particulières dans le contexte qui nous intéresse, mais ils ont une préférence pour se nourrir d’organismes benthiques.
- Le poisson appelé Tokifugu bien qu’il n’ait pas d’habitudes spécifiques dans le contexte particulier qui nous intéresse, montre une préférence pour les environnements de fond.
Ainsi, bien que les caractéristiques ne soient pas bien définies, les poissons sur cette liste semblent être de fond ou des prédateurs.
5.2. Viande
5.2.1. Viande bovine
L’échantillon de mesures relatives à la viande bovine compte 526 939 mesures, dont la contamination se répartit comme suit:
A cause du grand nombre de mesures non contaminées par le Cesium, la contamination moyenne par préfecture n’est jamais supérieur à 4 Bq/kg, comme on peut le voir dans le diagramme ci-dessous :
Il n’est pas inutile de rappeler que à la mi-2011 il y eut l’affaire des lot de foin contaminé de Fukushima (dont les détail peuvent être trouvés ici, en italien) où une série de lots de foin contaminés ont été distribués dans différentes préfectures autrement non contaminées. En raison de cette erreur, le gouvernement a immédiatement mis en place une grande campagne de contrôle de la viande, retiré du marché tout ce qui était au-dessus des limites autorisées et essayé de ramener la situation sous contrôle.
De toute façon, seulement 57 mesures de viande bovine ont montré des valeurs superieures aux limites, ces mesures concernent les préfectures de Fukushima (7 misure), Gunma (4 misure), Ibaraki (6 misure), Iwate (22 misure), Myiagi (17 misure) e Tochigi (1 misura). Aucune mesure de viande n’a jamais été au-dessus du limite établi par le Codex Alimentarius.
5.2.2. Évolution temporelle de la viande bovine
Dans le diagramme suivant nous montrons l’évolution au fil du temps de la contamination en Cesium dans la viande de bœuf.
La diminution visible dans le diagramme est principalement due à la désintégration du Cs-134, dont la demi-vie est d’environ 2 ans. Parallèlement à cette baisse, il est possible que l’effort de récupérer le foin contaminé et de le mélanger correctement avec des lots non contaminés afin d’en réduire la contamination moyenne a également contribué. Après la période initiale où la contamination était plus importante et dispersée de façon inégale au Japon, on peut dire dire que les niveaux de contamination se sont stabilisés maintenant autour des valeurs moyennes d’environ 15-20 Bq/kg, et donc largement en dessous des limites légales.
Remarque: Certaines dates d’échantillonnage dans ce graphique se réfèrent au 2011, cela se justifie par le fait que les mesures de certains échantillons prélevés en 2011 ont été publiés dans les rapports apparus après le 1er Janvier 2012.
L’echantillons statistiques de cette analyse contient 533733 mesures.
5.2.3. Viande de gibier
Les animaux sauvages ont été l’objet de 2979 mesures. L’étude de la contamination des animaux sauvages revête une importance particulière car elle permet d’établir l’évolution de la contamination sans l’intervention humaine, en permettant ainsi indirectement d’avoir une mesures de l’efficacité du plan de prévention mise en place par le gouvernement.
Les animaux sauvages objet de cette campagne sont les suivants :
Espèce sauvage | N° mesures |
---|---|
Canard sauvage | 154 |
Ours noir d’Asie | 408 |
Cerf Sika | 655 |
Sanglier | 1760 |
Faisan sauvage | 96 |
Lièvre | 15 |
Dans le tableau suivant nous montrons la contamination moyenne en Bq/kg par produit sauvages et par préfecture (là où nous retrouvons 0 Bq/kg il s’agit généralement d’une seule ou de très peu de mesures).
La distribution sur le térritoire de la contamination est dans ce cas claire. La préfecture la plus impactée est Fukushima, suivie par Miyagi, Gunma et Tochigi. Ceci est tout à fait normale, car il s’agit des quatre préfecture les plus proche de la zone de la centrale.
Le produit le plus touché est le sanglier, suivi par le cerfs et l’ours. Il est également intéressant de remarquer que la contamination des sangliers, des cerfs et des ours est plus répandue dans les préfectures environnantes par rapport au faisan et (dans les limites des rares mesures disponibles) du lièvre. Cela est bien raisonnable, parce que la propagation de la contamination est liée aux mouvements d’animaux et sûrement ours, cerfs et sangliers traversent les limites de la préfecture plus facilement par rapport aux faisans et lièvres. Tout cela peut être vu dans le tableau présenté ci-dessous, où l’on signale les valeurs moyennes de césium totale en Bq/kg par préfecture et le type de viande.
Canard | Ours noir | Cerf Sika | Sanglier | Faisan japonais | Lièvre | |
---|---|---|---|---|---|---|
Akita | 0 | 3 | 0 | 0 | – | – |
Aomori | 0 | – | – | 0 | – | 0 |
Chiba | 17 | – | 10 | 19 | – | – |
Fukushima | 139 | 173 | 110 | 1386 | 120 | 977 |
Gunma | 16 | 142 | 91 | 123 | 33 | – |
Ibaraki | 14 | – | – | 135 | 2.5 | – |
Iwate | 8 | 66 | 63 | – | 38 | – |
Kanagawa | – | – | 39 | 69 | – | – |
Kochi | – | – | 0 | 0 | – | – |
Mie | – | – | 2.7 | – | – | – |
Miyagi | 9 | 132 | 142 | 106 | 7 | – |
Nagano | – | 0 | 10 | 22 | – | – |
Niigata | 0 | 32 | 0 | 19 | 0 | 1 |
Saitama | – | – | 25 | 6 | – | – |
Shizuoka | – | – | 10 | 9 | – | – |
Tochigi | 8 | – | 145 | 101 | – | – |
Wakayama | – | – | 5 | 11 | – | – |
Yamagata | 0 | 32 | – | – | – | 560 |
Yamanashi | – | – | 14 | 2.3 | – | – |
Les valeurs moyennes ne rendent pas justice à la contamination réelle du sanglier. Le tableau ci-dessous montre la tendance au fil du temps de cette contamination, on peut voir en fait que la majorité des mesures se situent entre 10 et 1000 Bq/kg. On peut aussi voir que où les animaux sauvages ont une teneur en césium de départ important, ils n’ont pas de variation importantes entre la fin 2011 et le premier semestre 2014. La contamination moyenne des animaux sauvages reste pratiquement inchangée.
Préfecture | Zone | Min | Max | Moyenne | N° Mesures |
---|---|---|---|---|---|
Fukushima | Fukushima-shi | 1200 | 2100 | 1767 | 3 |
Fukushima | Hirono-machi | 1100 | 6200 | 3830 | 10 |
Fukushima | Iitate-mura | 1200 | 9500 | 2671 | 21 |
Fukushima | Iwaki-shi | 33000 | 33000 | 33000 | 1 |
Fukushima | Kawamata-machi | 1100 | 6500 | 2719 | 8 |
Fukushima | Kawauchi-mura | 1260 | 1260 | 1260 | 1 |
Fukushima | Minamisoma-shi | 1200 | 61000 | 9254 | 24 |
Fukushima | Naraha-machi | 4000 | 7500 | 5900 | 12 |
Fukushima | Nihonmatsu-shi | 1050 | 25000 | 2889 | 24 |
Fukushima | Nishigo-mura | 1350 | 1350 | 1350 | 1 |
Fukushima | Shirakawa-shi | 1200 | 1200 | 1200 | 1 |
Fukushima | Soma-shi | 1300 | 1900 | 1690 | 3 |
Fukushima | Sukagawa-shi | 1100 | 1300 | 1200 | 3 |
Fukushima | Tamura-shi | 1100 | 9600 | 3756 | 9 |
Fukushima | Yamatsuri-machi | 1220 | 1220 | 1220 | 1 |
Gunma | Kiru-shi | 1100 | 1100 | 1100 | 1 |
Tochigi | Nakagawa-machi | 1100 | 1100 | 1100 | 1 |
Tochigi | Nasushiobara-shi | 1271 | 1271 | 1271 | 1 |
Tochigi | Nikko-shi | 2490 | 2490 | 2490 | 1 |
La préfecture la plus impactée est évidemment celle de Fukushima. Notamment, les échantillons les plus contaminé dans l’absolu (61000 Bq/kg, 36000 Bq/kg, 20000 Bq/kg, 12000 Bq/kg e 11000 Bq/kg) ont été prélevés dans la zone de Minamisoma-shi. D’autres échantillons exceptionellement contaminés proviennent de la zone di Iwaki-shi 33000 Bq/kg) et Nihonmatsu-shi (25000 Bq/kg). Les autres zone lourdement frappé par la contamination des animaux sauvages sont Tamura-shi et Iitate-mura.
A l’aide du plan ci-dessus, nous pouvons constater que la contamination de la viande sauvage concerne deux zones géographiques distinctes : les zones se trouvant sous le panache emis par la centrale lors de l’accident et les regions forestières de la préfecture de Fukushima, Gunma et Tochigi, probablement suite aux déplacements de la faune. S’agissant d’animaux sauvages, cette distribution est tout à fait raisonable.
5.2.4. Autres types de viande
La situation du poulet et du porc est beaucoup mieux que d’autres variétés, sans doute en raison du fait que ces animaux sont élevés dans des conditions beaucoup plus contrôlées et n’ont pas fait l’objet de l’erreur de lots de foin, qui a failli créer de grandes problèmes à la viande bovine.
Viande de poulet
Le graphique suivant montre clairement que la contamination de la viande de poulet est pratiquement absente :
Préfecture | Cesium totale moyen (Bq/kg) | Max Cesium (Bq/kg) | N° Mesures |
---|---|---|---|
Fukushima | 0.51 | 17 | 298 |
Gunma | 4 | 64 | 28 |
Iwate | 0.18 | 12 | 209 |
Miyagi | 4 | 34 | 38 |
Shizuoka | 0.42 | 5 | 13 |
Tochigi | 0.08 | 3 | 59 |
Wakayama | 1.3 | 2 | 106 |
Yamagata | 0.31 | 7 | 23 |
Yamanashi | 0.3 | 7 | 46 |
Les préfecture qui ont montrées des valeurs superieurs à 10 Bq/kg sont Fukushima (Aisuwakamatsu-shi, Fukushima-shi, Kawamata-machi, Misima-machi, Shimogo-machi), Gunma (Shibukawa-shi), Iwate (Hachimantai-shi), Miyagi (Kunihara-shi, Osaki-shi, Taiwa-cho, Tome-shi), Wakayama (Aridagawa-cho, Gobo-shi, Tanabe-chi)
Il doit être remarqué que dans ces cas il ne s’agit pas d’une contamination généralisée, mais de quelques mesures individuelles qui seulement dans les préfectures de Gunma, Miyagi et Wakayama dépassent 20 Bq/kg. Les valeurs de contamination les plus élevées ont toujours été enregistré avant Octobre 2013.
Viande de porc
Le porc a été légèrement contaminé seulement dans les préfectures de Chiba, Fukushima (où, entre autres, il a la seule valeur supérieure à 100 Bq/kg, à Koriyama-shi), Ibaraki, Iwate , Kanagawa, Tochigi et Yamagata. Encore une fois, la contamination pourrait être expliquée par la commercialisation de fourrage issus d’un mélange avec des plantes contaminées. Cette hypothèse est étayée par le fait que la contamination est très faible et clairsemée de façon inégale sur le territoire japonais. La contamination moyenne par préfecture est indiquée dans le tableau suivant:
Préfecture | Cesium totale moyen (Bq/kg) | Max Cesium (Bq/kg) | N° Mesures |
---|---|---|---|
Chiba | 0.06 | 1.8 | 105 |
Fukushima | 1.2 | 110 | 544 |
Ibaraki | 0.18 | 25 | 158 |
Iwate | 0.15 | 14 | 141 |
Kanagawa | 0.22 | 36 | 193 |
Tochigi | 0.32 | 25 | 160 |
Yamagata | 0.12 | 10 | 84 |
Les préfectures ayant au moins une valeur au dessus de 10 Bq/kg sont Fukushima (zones Aizumisatso-machi, Asakawa-machi, Kitakata-shi, Koriyama-shi, Kunimi-machi, Nihonmatsu-shi, Samegawa-mura, Shirakawa-shi, Tamura-shi, Tanei-mura), Ibaraki (Koga-shi), Iwate (Hanamaki-shi), Kanagawa (Atsugi-shi), Tochigi (Nikko-shi, Yaita-shi) et Yamagata (Yonezawa-shi ), la plus part étant concentrées dans la préfecture de Fukushima.
Encore une fois ce n’est pas une contamination importante, mais quelques mesures individuelles que dans Koriyama-shi (Fukushima) dépasse 100 Bq/kg. Les mesures les plus contaminées remontent toutes avant le 1er Mars 2013.
Dans l’ensemble, on peut dire que la contamination du poulet et du porc est très faible, toutefois du point de vue géographique elle n’est pas localisée d’une manière particulière à l’exception du fait que la plus grande contamination (qui reste, il faut le signaler, sur des valeurs extrêmement faibles) se trouve dans la zone autour de la centrale.
Cette analyse a été basée sur 1425 mesures de viande de poulet (dont 282 ne sont pas imputables à une préfecture particulier) et 2469 mesures de porc (y compris 314 mesures pas imputables à une préfecture particulière)
5.3. Fruits et légumes
Les statistiques concernant les mesures des fruits et legumes sont montrées dans le diagramme qui suive. L’échantillon complet compte 110452 mesures.
La contamination par préfecture est montreé dans le graphique ci-dessous.
Les préfecture les plus impactées en moyenne sont Hiroshima (Chugoku), Iwate (Tohoku), Okinawa (Kyushu), Fukushima (Tohoku), Tochigi (Kanto) e Yamanashi (Chubu). Cependant, cette moyenne ne represente pas la situation réelle. Le graphique suivant monte le nombre de mesures par préfecture reparti dans le trois catégories de contamination :
Il est évident que le préfectures ayant les aliments les plus contaminés sont Fukushima, Miyagi e Tochigi comme dans les autres cas analysés jusqu’ici. Si nous regardons aussi la contamination maximale et non pas la contamination moyenne, les préfectures ayant le majeur nombre de mesures au delà de 100 Bq/kg sont Fukushima (28 mesures), Iwate (13 mesures) e Tochigi (11 mesures).
La différences de contamination entre produits sauvage et cultivé est frappante. La moyenne de cesium totale pour les produits sauvages est de 67.7 Bq/kg, tandis que celle des autres produits atteint seulement 8.0 Bq/kg, comme on peut le constater dans le tableau ci-dessous :
Origine | Cs totale moyen (Bq/kg) | N° mesures |
---|---|---|
Produits sauvages | 68 | 3823 |
Produits cultivés | 8 | 23717 |
Ce tableu a été calculé à partir de 27530 mesures dont l’origine est indiqué sans aambigüité.
À l’exception du riz, du thé et des champignons qui seront analysés en détail ci-dessous, les produits les plus touchés sont koshiabura et fougères (qui atteignent plusieurs centaines de Bq/kg), yacon, Aralia et pousses de bambou, alors que parmi les produits non sauvage la contamination est plus dispersée entre les différents aliments et concerne principalement les aliments cultivés en plein air.
L’analyse par préfecture a été réalisée sur un échantillon d’essai de 109741 mesures, car le 709 restants ne sont imputables à aucune préfecture particulière. Qui plus est, deux mesures concernent des échantillons d’importation en provenance d’Amérique du Nord.
Dans la catégorie des produits agricoles, nous pensons utiles faire une analyse particulière pour trois produits spécifiques: le riz et le thé pour l’importance dans l’alimentation japonaise et les champignons car il est prouvé être des importantes concentrateurs de césium.
Riz
L’analyse du riz a été effectuée exclusivement sur le riz dans ses variantes, sans prendre en considération les diverses préparations. Le sous-échantillon utilisé contient 13844 mesures.
Les statistiques générales de l’échantillons sont montrées dans le diagramme suivant :
13668 mesures sont imputables sans ambigüité à une préfecture. L’analyse de la contamination moyenne par préfecture est montré dans le diagramme ci-dessous :
La contamination moyenne du riz est extrêmement faible, sauf dans les préfectures de Fukushima, où elle touche environ 75 Bq/kg et Tochigi, où toutefois la contamination moyenne dépasse de peu 1 Bq/kg. Les valeurs maximales enregistrées se rapportent à la préfecture Fukushima (360 Bq/kg), d’Iwate (300 Bq/kg) et Miyagi (260 Bq/kg), Tochigi (65 Bq/kg), Gunma (47 Bq/kg) et Ibaraki (44 Bq/kg), Chiba (33 Bq/kg). Dans tous les autres préfectures, la valeur maximale enregistrée ne dépasse pas 20 Bq/kg.
Les lots ayant une contamination supérieure à 100 Bq/kg sont ainsi repartis sur le térritoire :
Préfecture | Zone | Cesium totale moyen (Bq/kg) | Max Cesium Totale (Bq/kg) | Nombre de mesures |
---|---|---|---|---|
Fukushima | Fukushima-shi | 119 | 230 | 42 |
Fukushima | Iwaki-shi | 140 | 140 | 1 |
Fukushima | Kawamata-machi | 146 | 160 | 5 |
Fukushima | Koriyama-shi | 120 | 120 | 1 |
Fukushima | Miharu-machi | 353 | 360 | 3 |
Fukushima | Minamisoma-shi | 123 | 180 | 27 |
Fukushima | Motomiya-shi | 157 | 230 | 12 |
Fukushima | Nihonmatsu-shi | 110 | 110 | 1 |
Fukushima | Otama-mura | 277 | 280 | 6 |
Fukushima | Sukagawa-shi | 110 | 110 | 1 |
Iwate | Ichinoseki-shi | 300 | 300 | 1 |
Miyagi | Kurihara-shi | 165 | 260 | 13 |
Il s’agit donc principalement de zones liées à l’accident, notamment les zones qui ont une plus grande contamination sont ceux en dessous du panache émis par la centrale. La propagation dans d’autres préfectures pourrait encore être due en partie à la commercialisation du riz dans la préfecture de Fukushima, qui est quand même le plus contaminé, en dehors des limites de la préfecture. L’échantillon de mesures contient 2382 mesures réparties comme suit:
L’échantillons concernant les mesures de thé contient 1880 mesures. Les statistiques générales concernant le thé sont montré dans le graphique suivant :
Aucune mesure n’a une valeur au dessus de la limite indiqué par le Codex Alimentarius.
Seulement 1502 mesures peuvent être attribuée sans ambigüité à un préfecture, dont les valeurs de contamination sont montrées ci-dessous :
La répartition géographique de la contamination du thé est assez étrange. Les mesures les plus contaminées ne semblent pas être en relation géographique avec la zone de l’accident ou le panache, mais elles sont plutôt déplacé vers le sud. De toutes les mesures, le thé de la préfecture de Saitama a toujours été le plus contaminée, atteignant le deux plus haut valeurs enregistrées, à savoir 300 Bq/kg et 223 Bq/kg. La préfecture de Fukushima fait curieusement enregistrer une valeur maximale de seulement 4,7 Bq/kg, alors que la préfecture de Miyagi n’enregistre une valeur maximale que de 5.7 Bq/kg. Nous ne sommes pas en mesure de donner une explication satisfaisante de cette distribution, mais une fois encore la réponse est sans doute à trouver dans le réseau de commercialisation des produits.
En ce qui concerne la contamination du thé, il convient de souligner que toute la contamination trouvée dans les feuilles ne se retrouve pas directement dans la boisson préparée à partir de celles-ci. Une étude attentive du transport de césium de la matière première à la boisson finie est rapporté ici (power point en anglais à la fin de l’article) et il montre que seulement 40% de la radioactivité des feuilles est en fait ingérée par les consommateurs lorsque l’infusion préparée.
Champignons
Depuis les premières mesures, les champignons sont prouvés être des solides bio-accumulateurs de césium. Il est donc important de consacrer une analyse distincte à ce produit qui constitue toujours une partie importante du régime alimentaire japonais à certains moments de l’année. L’échantillon de champignons comprend 11188 mesures, dont les statistiques sont indiquées dans le tableau ci-dessous.
De 11188, seulement 11030 mesures de champignons sont associés à une préfecture spécifique, dont la contamination moyenne est montrée ci-dessous:
Pour avoir un point de vue plus correcte de la contamination il est nécessaire de faire une analyse plus approfondie des mesures des préfectures les plus touchées réellement (Fukushima, Tochigi, Miyagi, Ibaraki et Iwate). L’histogramme des mesures ayant moins de 1000 Bq/kg dans ces cinq préfectures est rapporté ci-dessous.
Parmi ces mesures, 48 sont au-dessus de la limite du Codex Alimentarius et 3 ne sont pas associés à une préfecture en particulier. Les détails de ces mesures sont fournies dans le tableau suivant:
Préfecture | Zone | Cesium totale moyen (Bq/kg) | Max Cesium Totale (Bq/kg) | Nombre de mesures |
---|---|---|---|---|
Fukushima | Yamatsuri-machi | 4850 | 5600 | 2 |
Gunma | Numata-shi | 2500 | 2500 | 1 |
Ibaraki | non indiquée | 1675 | 2080 | 6 |
Ibaraki | Hitachi-shi | 1300 | 1300 | 1 |
Ibaraki | Hitachiomiya-shi | 1400 | 1400 | 1 |
Ibaraki | Kasama-shi | 1600 | 1600 | 1 |
Ibaraki | non indiquée | 1400 | 1400 | 1 |
Ibaraki | Shirosato-machi | 2200 | 2200 | 1 |
Iwate | Hiraizumi-cho | 1000 | 1000 | 1 |
Iwate | Ichinoseki-shi | 1551 | 2880 | 12 |
Iwate | Ichinoseki-shi, Hiraizumi-cho | 1684 | 1684 | 1 |
Iwate | Ofunato-shi | 1691 | 1691 | 1 |
Iwate | Oshu-shi | 1698 | 3000 | 4 |
Miyagi | Kurihara-shi | 1700 | 1700 | 1 |
Miyagi | Marumori-machi | 1600 | 1600 | 1 |
Nagano | Saku-shi | 2233 | 2900 | 3 |
Tochigi | Moka-shi | 1629 | 1629 | 1 |
Tochigi | Nasu-machi | 1300 | 1300 | 1 |
Tochigi | Nasushiobara-shi | 1000 | 1000 | 1 |
Tochigi | Nikko-shi | 17000 | 31000 | 2 |
Tochigi | Yaita-shi | 13000 | 23000 | 2 |
Dans le cas des champignons il y a encore un autre paramètre que nous pouvons prendre en compte. Les mesures publiées peuvent être triées selon la provenance des champignons en trois grandes catégories: champignons cultivés sous serres, champignons cultivés en plein air et champignons sauvages. Si nous trions les mesures de champignons selon ce critère, nous obtenons les résultats présentés dans le graphique et dans le tableau suivant:
Origine des champignons | Cs totale moyen (Bq/kg) | Max Cs totale (Bq/kg) | N° Mesures |
---|---|---|---|
Sauvages | 179 | 31000 | 545 |
Plein air | 21 | 2100 | 1438 |
Serre | 10 | 561 | 3407 |
Il est immédiatement évident que la contamination des champignons cultivés est bien inférieur à celle des champignons sauvages. En particulier, elle est bien au-dessous même de la limite légale de 100 Bq/kg.
En ce qui concerne les mesures de produits sauvages qui dépassent 100 Bq/kg, ceux-ci sont dispersés dans les préfectures de Aomori, Gunma, Iwate, Miyagi, Nagano, Niigata, Saitama, Shizuoka, Tochigi et Yamanashi. Il s’agit donc de toute la région qui s’étend sur environ 250 km autour de la centrale.
En ce qui concerne plutôt les champignons cultivés en plein air et sous serres, les seules mesures qui dépassent 100 Bq/kg sont indiqués dans le tableau suivant, reparties par préfecture (la valeur indique le nombre de mesures pour la préfecture):
Préfecture | Plein air | Serre |
---|---|---|
Chiba | – | 3 |
Ibaraki | – | 3 |
Iwate | 10 | – |
Miyagi | 1 | – |
Nagano | 5 | – |
Tochigi | 12 | 17 |
Ces données sont cohérentes avec la contamination de la viande sauvage et on peut arriver à établir une corrélation entre la contamination des champignons (et plus généralement des sous-bois sauvage) et la contamination du gibier.
Pour créer ces tables nous n’avons utilisées que les 5390 mesures pour lesquelles l’indication de l’origine est fournie explicitement.
5.3.1. Évolution temporelle
La tendance au fil du temps de la contamination moyenne de fruits et légumes présente un comportement périodique assez régulière, comme le montre le tableau suivant:
Cette périodicité est due aux produits sauvages et en particulier aux champignons et aux fougères.
Riz
La façon particulière d’échantillonner les produits par préfecture et zones ne permet pas de tirer des conclusions particulières sur la tendances temporelles de la contamination. En absence de données spécifiques dans ce sens, on peut considérer que la contamination est restée constante dans cet intervalle de temps. Attention sur le fait que l’échelle est logarithmique.
La « marche » qui semble apparaître dans le graphique est apparent et en raison de la façon dont l’échantillonnage des mesures est fait dans le temps.
the
La tendance dans le temps de la contamination moyenne du thé (moyenne sur toute la préfecture) est indiquée dans le tableau ci-dessous. Attention sur le fait que l’échelle est logarithmique.
Il n’y a pas une tendance claire, cependant il semble y avoir une légère diminution moyenne de la contamination. Les fluctuations visibles sont toujours justifiées par la façon dont l’échantillonnage dans les différentes préfectures est fait.
Champignons
La tendance moyenne de la contamination des champignons semble avoir une légère baisse, encore une fois sans aucun doute attribuable à la désintégration du Cs-134. Attention sur le fait que l’échelle est logarithmique.
5.4. Lait et oeufs
Le lait ne présente pas de contamination notable. Les statistiques générales sur cette catégorie d’aliments sont présentés dans le diagramme suivante:
Préfecture | Max Cesium Totale (Bq/kg) |
---|---|
Gunma | 16 |
Iwate | 9 |
Niigata | 9 |
Tochigi | 9 |
Miyagi | 8 |
Fukushima | 7 |
Saitama | 2.9 |
Nagano | 2.9 |
Shizuoka | 2.8 |
Kanagawa | 2.2 |
Gifu | 1.5 |
Tokyo | 1.4 |
Ibaraki | 1.3 |
L’évolution temporelle de la valeur moyenne des mesures montre une certaine stabilisation depuis Avril 2013, probablement liée à la réduction de la moyenne enregistrée pour la contamination de la viande bovine en raison de la désintégration de Cs-134. Il faut noter toutefois qu’il n’y a pas de relation géographique évidente entre les préfectures les plus touchées pour le boeuf et le lait. D’autre part, il faut tenir compte du fait que les niveaux de contamination moyenne de ces catégories sont extrêmement faibles, ce qui rend importantes toutes fluctuations statistiques.
Oeufs
Les oeufs ne présentent pas de contamination perceptible.
Des 1444 mesures concernant les œufs, 290 ne sont pas associés à une préfecture. Malheureusement, la deuxième valeur maximale enregistrée (22 Bq/kg) appartient à cet ensemble de mesures. La répartition par préfecture du restant est indiquée dans le graphique ci-dessous:
Les seules mesures qui ont dépassé les 5 Bq/kg se rapportent à la préfecture de Fukushima (Aizubange-machi, Asakawa-machi, Date-shi, Fukushima-shi, Hanawa-machi, Hirata-mura, Ishikawa-machi, Nakajima-mura, Shirakawa shi, Tamura-shi, Yamatsuri-machi), Ibaraki (Sakuragawa-shi) et Iwate (Kanegasaki-cho).
L’échantillon utilisé pour cette analyse consiste en 1444 mesures relatives exclusivement aux œufs dans leur forme d’origine.
6. Effet de la contamination sur le régime quotidien
Ce paragraphe n’est certainement pas censé être une étude approfondie sur les effets de la contamination sur le régime japonais, mais seulement se focaliser sur l’impact générale que l’accident de Fukushima peut avoir du point de vue alimentaire. Pour cela, plusieurs simplifications ont été adoptées dans cette étude :
- Nous prenons en compte seulement le Cs-137 au lieu de faire une distinction entre Cs-134 et Cs-137, qui ont logiquement différents facteurs d’absorption. Cela se justifie par le fait que l’intérêt se porte sur les effets à moyen et à long terme, après la désintégration de Cs-134. Les facteurs de conversion utilisés sont donc de 0,013 mSv/Bq pour les adultes et 0,021 mSv/Bq pour les enfants.
- La moyenne totale ne tient pas compte correctement des différences entre les aliments cultivés/élevés et sauvages, car déterminée plus par l’échantillonnage des produits que par les choix de la population. Cette approximation est difficile à évaluer, mais si l’on suppose que la majorité des produits consommés est effectivement obtenue à partir des fermes et/ou serres elle ne devrait pas être loin de la réalité.
La consommation moyenne par habitant des différents aliments dans le régime alimentaire japonais est présenté dans le tableau suivant ainsi que la contamination moyenne pour la préfecture de Fukushima :
Catégorie d’aliment | Consommation moyenne Fukushima (g/jour) | Consommation moyenne selon National Health & Nutrition Survey 2009 (g/jour) | Contamination moyenne (Bq/kg) |
---|---|---|---|
Riz | 311 | 274 | 75 |
Fruits et légumes | 931 | 564 | 14 |
Champignong | 21 | 15 | 15 |
Algues | 19 | 7 | 3 |
Produits de la mer (sauf crustacés et algues) | 65 | 57 | 32 |
Viande | 52 | 90 | 21 |
Oeufs | 35 | 36 | 0.81 |
Lait | 142 | 99 | 0.24 |
The (*) | 0.03 | – | 0.9 |
(*) Données sur la consommation annuelle de thé au Japon extrait de Wikipedia, 40% de réduction de la contamination pour les infusion de thé (0,4 x 23,2 Bq/kg)
Plusieurs remarques doivent être faites sur ce tableau.
- Le régime quotidien dans la préfecture de Fukushima se base sur les données publiées dans Dietary Intake of Radiocesium in Adult Residents in Fukushima Prefecture and neighboring Regions after the Fukushima Nuclear Power Plant Accident: 24-h Food Duplicate Survey in Decembre 2011, Environmental Science & Tecnology, 2013, 47, 2520-2526.
- Les moyennes quotidiennes de cette préfecture sont généralement en accord avec celles du National Health & Nutrition Survey (2009).
- Les écarts constatés entre la moyenne nationale et la préfecture de Fukushima sont justifiées par les différentes habitudes alimentaires de cette région. Il s’agit d’une région à forte composante agricole (la deuxième au Japon pour nombre de fermes) avec des échanges fréquents de produits entre les habitants. Cela se traduit par une baisse de la consommation de viande.
- La consommation de lait est supérieur à la moyenne nationale.
A partir du tableau ci-dessus nous pouvons estimer la quantité quotidienne de césium introduite dans l’organisme et la projection de la dose absorbée sur un an pour les adultes et les enfants :
Catégorie d’aliment | Contamination interne moyenne journalière (Bq) | Projection annuelle dose absorbé adultes (mSv/an) | Projection annuelle dose absorbé enfants (mSv/an) |
---|---|---|---|
Riz | 23 | 0.109 | 0.176 |
Fruts et légumes | 13 | 0.062 | 0.100 |
Champignons | 0.31 | 0.001 | 0.002 |
Algues | 0.06 | 0.0003 | 0.0005 |
Produits de la mer (sauf crustacés et algues) | 2.1 | 0.010 | 0.016 |
Viande | 1.1 | 0.005 | 0.008 |
Oeufs | 0.03 | 0.0001 | 0.0002 |
Lait | 0.03 | 0.0001 | 0.0002 |
Thé | 0.03 | 0.0001 | 0.002 |
Totale | 40 | 0.188 | 0.304 |
Tenant compte de l’accident nucléaire, il s’agit de doses extrêmement faibles et en dessous de la limite annuelle pour la population. Pour le rapprocher à un contexte plus familière, il s’agit de des doses inférieures à la radioactivité naturelle du corps humain en raison du K-40 potassium (0,390 mSv/an) ou dû au fond naturel (environ 3 mSv/an).
Compte tenu du fait que l’estimation calculée dans cet article est très probablement une surestimation, on peut conclure que la contamination alimentaire présente un faible risque, à la limite négligeable.
7. Conclusions
L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a été le deuxième plus sévère de l’histoire du nucléaire civile après celui de Tchernobyl. Contrairement à ce dernier, toutefois, la surveillance en cours d’accident par les organismes nationaux et internationaux impliqués était beaucoup plus stricte, notamment en ce qui concerne les effets secondaires sur la chaîne alimentaire.
Une campagne de mesure de la nourriture sans précédent a été mis en œuvre (près d’un million de mesures à partir du 2012) par le gouvernement japonais pour surveiller la situation. Cette campagne a concernée sans exception tous types de produits: sauvage et d’élevage; en amont ou en aval de la chaîne de distribution; légumes, poissons, viande; le lait, les œufs et les produits laitiers; boissons et eau. La quantité énorme de données recueillies dans cette campagne nous a permis de construire une image claire de la contamination alimentaire dans le Japon d’aujourd’hui.
Nous considerons les mesures publiées par le MHLW japonais fiables pour trois raisons expliqué dans §2:
- La campagne de mesure est menée par le gouvernement japonais, mais plusieurs entités indépendantes (y compris Greenpeace au début de la campagne) ont réalisée leurs propres mesures qui sont sensiblement en accord avec celles qui ont été publiées. Plusieurs échantillons ont également été envoyés à plusieurs reprises à différentes institutions de différents pays et les résultats sont en accord avec les publications. Cependant, pour des raisons logistiques et de budget la campagne de mesures du gouvernement a une extension que ne peut pas être atteint par d’autres organismes.
- Les résultats publiés sont conformes à ce qu’on peut s’attendre après un accident du genre de Fukushima, soit en termes de contamination que d’extension du phénomène.
- Les yeux du monde sont sur le Japon et toutes les erreurs et les mauvaises évaluations commises par les entités impliquées dans l’incident ont été immédiatement rendues publics. Même des laboratoires non-japonais ont demandés des échantillons de produits des préfectures sous observation pour une analyse indépendante.
La première considération qui peut être faite sur la contamination des aliments est que la contamination due au césium est très différent si l’on fait distinction entre les aliments sauvages et d’élevage/serre. Dans le premier cas, le niveau moyen de contamination est beaucoup plus élevé, caractéristique qui se remarque immédiatement si nous comparons la viande sauvage (sanglier, cerf, ours) avec d’autres types de viande (bœuf, poulet et porc) ou entre les champignons sauvages et les champignons cultivés sous serre. La contamination des produits d’élevage et de serre présente des niveaux très bas, bien en deçà des limites légales au Japon qui, il est utile de le souligner, sont déjà beaucoup plus bas de ceux qui sont acceptés par la communauté internationale dans le Codex Alimentarius. Cette constatation est parmi les plus importants, sinon la plus important de toutes .
La contamination de la viande de porc et de poulet dépasse rarement 10 Bq/kg et la contamination des produits dérivés (lait et œufs) est encore plus faible, atteignant des valeurs de quelques becquerels.
Le bœuf fait histoire à part. En raison du scandale des lots de foin qui a eu lieu en Juillet 2011, la contamination moyenne du bétail est supérieure à celle de la viande de poulet et géographiquement assez répandu, mais en restant toujours bien en deçà des limites légales et en moyenne elle est d’environ 20 Bq/kg.
La contamination des produits végétaux n’est pas particulièrement concentrée dans certains produits, si exception est faite pour les champignons et les fougères sauvages. Pour cette catégorie de produits, la plupart de la contamination provient de toute façon des aliments cultivés en plein air. Dans le cas de contamination des produits de serre elle reste en moyenne sur des valeurs extrêmement faibles d’environ 10 Bq/kg. Une analyse spécifique pour le riz, les champignons et le thé a établi que:
- Riz: La contamination moyenne est extrêmement faible (inférieure à 10 Bq/kg), sauf dans la préfecture de Fukushima, où elle atteint presque la limite légale de 100 Bq/kg. Des valeurs importantes mais isolées ont été mesurées dans les préfectures de Iwate, Miyagi, Tochigi, Gunma, Ibaraki et Chiba.
- Thé: La contamination moyenne est extrêmement faible (inférieure à 10 Bq/kg), mais des valeurs importantes ont été enregistrées dans les préfectures de Ibaraki et Saitama. Cette dernière en particulier a enregistré les valeurs en absolues les plus grandes sans être géographiquement la plus proche de la zone de l’incident.
- Champignons: malgré les champignons soient des grands concentrateurs de césium, la contamination moyenne des champignons cultivés à l’extérieur et sous serre est relativement faible (inférieure, respectivement à 50 et 20 Bq/kg), tandis que celle des champignons sauvages est beaucoup plus élevé, atteignant environ à 180 Bq/kg.
La contamination des produits de mer présente également une différence significative entre les produits d’élevage et sauvages, mais une analyse plus approfondie a permis de déterminer que la plupart des produits contaminés se composent de:
- Poisson de fond. Ceci se justifie par la sédimentation des particules de césium sur le fond marin.
- Poisson d’eau douce. Cela est dû au ruissellement qui transporte le césium dans les eaux intérieures
- Poissons prédateurs. Située au-dessus de la chaîne alimentaire, ils agissent comme une sorte de « accumulateur et depôt » du césium accumulé dans les échelons inférieurs de la chaîne alimentaire.
Dans tous les cas, les mesures qui ont montré valeurs plus élevées que les niveaux moyens indiqués ci-dessus sont concentrés dans les préfectures les plus directement touchées par l’accident, à savoir Fukushima, Miyagi, Tochigi, Iwate et Ibaraki, et en particulier dans les districts directement liés à l’accident ou au-dessous du panache émis par le central.
En ce qui concerne la tendance au fil du temps de la contamination par le césium, dans les cas où il est possible de mettre en évidence une évolution cela est compatible avec la réduction de la composante de Cs-134 qui a une demi-vie d’environ 2 ans.
En conclusion, on peut dire que l’impact sur la santé de l’accident à la centrale de Fukushima en ce qui concerne les doses à la population via l’ingestion d’aliments contaminés a été contenue. Cela a été possible par la combinaison de plusieurs facteurs:
- L’action du gouvernement est très forte où il peut avoir le plein contrôle, à savoir sur l’agriculture et les produits de serre.
- Heureusement, la plupart (environ 80%) des contaminants ont été transportés loin de la côte du Japon, où ils ont été dilués dans les eaux du Pacifique.
- En conséquence du point précédent, la contamination est essentiellement concentrée dans certaines régions particulières (autour des eaux de la centrales et les eaux internes des préfectures concernées) et dans certains organismes particuliers (champignons, viandes sauvages, poissons de fond, d’eau douce et prédateurs ).
Même sans changer le régime japonais de façon spécifique, nous pouvons dire que l’impact de la contamination sur la dose annuelle absorbée est extrêmement limitée et se situe à non plus de 0,2 mSv/an pour les adultes et 0,3 mSv/an environ pour les enfants, bien au-dessous du fond naturel et des limites considérées comme étant sûres.
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